Qu’appelle t-on « bactérie » dans un carburant ? (bactérie, levure, champignon, moisissure, algue…)
Bactérie du carburant
Lorsqu’on parle d’un carburant, bactérie est le terme générique couramment employé pour parler du phénomène de contamination, d’un gasoil par exemple, par de la matière vivante, éventuellement proliférante. Cette pollution peut se composer en fait de cinq matières différentes :
- des bactéries : il existe en effet des dizaines de bactéries vraies, capables de vivre dans un gasoil ou un fioul domestique, voire pour certaines d’y proliférer. Ce sont en particulier des Acinetobacter, des Alcaligenes, des Bacillus, des Pseudomonas, etc …
Les bactéries se divisent en cinq familles selon leur position respiratoire : l’aérobie a besoin d’oxygène pour vivre et se développer, l’aéro-anaérobie apprécie une présence d’oxygène mais peut très bien s’en passer, la micro-aérophile a besoin d’une teneur en oxygène spécifique, l’anaérobie stricte meurt en présence d’oxygène, et l’anaérobie aérotolérant le tolère.
- des levures dont les Candidas et Rhodotorula sp.
- des champignons : ce sont peut être les plus nombreux, dont les Acremonium, Aspergillus, Cladosporium, Fusarium, Penicillium, Trichoderma, Ulocladium, etc …
- des moisissures,
- et des algues.
Pour ces cinq matières, la grande majorité d’entre elles ne peuvent que vivre dans les carburants, mais une petite partie est capable d’y proliférer; et d’autant plus rapidement si les conditions optimales s’y prêtent.
Quelles sont ces conditions optimales qui permettent à certains de ces organismes de se développer, de proliférer ?
En schématisant, il y a trois conditions de vie essentielles : à boire, à manger et au chaud !
- Présence d’eau : l’eau est « naturellement » présente en quantité extrêmement infime dans la gasoil et le fioul domestique qui nous est proposé par les pétroliers. Mais cette présence d’eau en cuve est surtout due au phénomène de condensation par écarts thermiques. Ce brouillard de condensation formé sur les parois des cuves et autres citernes se transforme en fines gouttelettes qui couleront par gravitation jusqu’au fond du stockage carburant.
- Présence de dépôts : les bactéries ne savent pas synthétiser les substances nécessaires à leur vie. Elles sont donc condamnées à vivre au contact de substances organiques déjà présentes dans le gasoil ou le fioul domestique. Certaines bactéries ont une faculté incroyable à attirer vers elles les autres matières, inertes celles-là, en suspension dans le carburant. Deux bactéries Pseudomonas aeroginosa situées aux deux extrémités d’une cuve de gasoil non routier sont capables de se retrouver dans la masse du carburant, de commencer à proliférer et d’attirer les particules de matières en suspension dans la cuve et qui ne devraient théoriquement pas s’y trouver : pollens, fibres textiles microscopiques, poussières en tous genres, extrêmement fines gouttelettes d’eau, propres déchets du vieillissement du carburant … Tout cela va finalement former des masses plus ou moins importantes d’une sorte de gélatine allant de marrons aux noirs et provoquant tôt ou tard des dommages dans les réservoirs et les circuits d’alimentation des moteurs contaminés. Dans de bonnes conditions, certaines bactéries, algues… peuvent doubler de volume chaque heure. Ces amas visqueux sont en fait des agglomérats composés d’un faible pourcentage de matières vivantes en prolifération permanente, et en grande partie de matières inertes (mortes) attirées et agglutinées autour des bactéries eu autres champignons.
- Chaleur : le carburant n’est jamais totalement brûlé lors de la combustion et ce carburant qui s’est réchauffé lors de son parcours dans le circuit d’alimentation, en passant près de sources de chaleur, va revenir plus chaud dans le réservoir d’où il était sorti quelques instants auparavant, augmentant d’autant la température moyenne du carburant en réservoir. Pour les stockages, il s’agira plutôt de l’action du rayonnement solaire, ce qui explique en grande partie la plus importante prolifération de la contamination des carburants en été et dans les pays du sud. Parmi les stockages, figure aussi la camion citerne contenant du carburant et qui restera pour diverses raisons en stationnement sous un soleil de plomb avant de vous être livré … bien chaud.
A ces causes de base, il faut en ajouter maintenant deux autres qui prennent de plus en plus d’importance.
- Teneur en soufre : pour des raisons environnementales évidentes et partagées de tous, la teneur en soufre des carburants est réduite d’année en année. Nos émissions polluantes contiendront moins de soufre et notre santé n’en sera qu’améliorée. Mais le soufre de nos gasoil et fioul domestique était un excellent remède contre la bactérie. De moins en moins de teneur en soufre, c’est s’exposer à de plus en plus de problèmes de contamination dans nos carburants.
- Teneur en EMAG : le taux d’incorporation de matière végétale ou EMAG tend à augmenter d’année en année, jusqu’à atteindre en 2012 une teneur maximale de 7%. Ces EMAG Esters Méthyliques d’Huile Végétale sont hydrophiles et à haut pouvoir de détergence. Cette capacité à absorber l’eau peut provoquer une prolifération de la bactérie encore plus rapide et plus importante. Son pourvoir détergent va entraîner la formation accentuée de dépôts qui iront s’amalgamer avec les amas gluants de bactérie déjà en formation.
Cette matière visqueuse se trouve le plus souvent en dépôt de fond de cuve ou de réservoir, ou en suspension dans le gasoil ou le fioul domestique, surtout à l’occasion d’un plein de citerne ou de réservoir, durant lequel le flux entrant du carburant a remué le dépôt du fond. Cette matière va ensuite migrer à l’occasion vers le circuit d’alimentation carburant, obstruant rapidement la filtration jusqu’à provoquer éventuellement l’étouffement du moteur par manque d’alimentation de carburant.
Devant ces dommages, il est fortement recommandé de s’en prémunir par tous moyens : maintenance accrue des installations et usage permanent d’un additif efficace éliminant cette bactérie.
Source : www.additifcarburant.fr